Chacun d’entre nous est créatif dès lors qu’il est placé dans un contexte lui permettant d’exprimer son potentiel et sa créativité. Grâce à la « convergence » de notre cerveau droit et gauche, nous parvenons à construire le cheminement logique de notre pensée et ainsi, à transiter par étapes successives de l’élaboration à l’évaluation des solutions émises. Mais la créativité est elle la condition nécessaire, et suffisante dans une démarche de design ?
Le design, c’est avant tout une approche
Si nous définissons le design industriel comme une approche de conception créative et anthropo-centrée où l’usager est considéré comme l’élément central, autour duquel la réflexion va se construire, il ne faut pas oublier que le designer construit sa réflexion à partir de 3 critères indissociables, conditionnant la validité d’une idée.
Il s’agit du triptyque de la faisabilité (qu’est-ce qui est réalisable dans un avenir prévisible ?), de la viabilité (qu’est-ce qui s’intègre dans un modèle économiquement durable ?) et de la désirabilité (qu’est-ce qui va susciter l’envie/l’adhésion de l’utilisateur ?).
Si le designer développe une posture consistant à questionner en permanence son environnement, à détecter et à s’appuyer sur des signaux faibles, il se positionne par cette critique, dans une optique du «faire juste». La volonté de construire des scénarios et produits pertinents, le pousse continuellement à rendre tangible une intention, un concept en les matérialisant, que cela se fasse sous la forme d’un dessin, d’un scénario, d’une maquette ou d’un prototype. Cette faculté à représenter des idées, des intentions ne rend toutefois pas le designer disposé à être le seul acteur au sein d’un projet. Pour cela, il est coutumier du fait de travailler avec un ensemble «d’experts» partageant et associant leurs compétences autour du projet.
Vers de nouveaux modes de travail collaboratif
A l’heure où nous passons progressivement de l’ère de la compétition à celle de la collaboration, nous devons faire face à des défis de plus en plus complexes. Aussi, il n’est plus, ou de moins en moins envisageable, de travailler sans ouvrir le cercle de compétences mises en action.
Nous basculons dans l’ère du « co » (de «cum» en latin avec) :
- D’une part avec les autres acteurs du projet, là où les études étaient découpées par étapes cloisonnées, en silo, où chaque compétence œuvrait successivement. Ainsi, toute possibilité de croisement d’idées, d’expertises, ne peut que difficilement voir le jour. La démarche design se veut dans les faits, ouverte à l’écoute et synthétique, très loin de certains clichés du « créateur dans sa tour d’ivoire ». Travailler et concevoir ensemble en adoptant une démarche créative, transversale, holistique et pluridisciplinaire, offrira des pistes de travail jusque là inexploitées et source de véritables.
- D’autre part avec les utilisateurs finaux (ou futurs utilisateurs), intégrés directement dans différentes phases de l’étude. Cette approche du « user centred design », pour atteindre toute son efficacité doit pouvoir être opérante tout autant en amont, en aval, que pendant l’étude, mais doit intervenir de façon ponctuelle et mesurée pour identifier/résoudre des points particuliers. Dans ce type d’approche, toute parole se doit d’avoir la même valeur, ce qui n’enlève rien aux compétences des experts présents dans le projet. La rapidité de prototypage d’une idée est ici déterminante afin que l’on puisse rapidement la confronter à la critique d’utilisateurs finaux. Il s’agira de la faire évoluer, d’en corriger les points critiques ou parfois tout simplement ,d’abandonner une voie au profit d’une autre. La notion de prototypage a ici une acception large puisqu’elle peut recouvrir une multitude de formes, un scénario, un objet physique, un jeu de rôle …
Ces différentes démarches, qui se complètent, servent à limiter les risques inhérents à toute innovation, ou à tout nouveau produit. En effet, elles apportent une plus grande compréhension des attentes globales et spécifiques des publics et permettent de progresser vers une innovation constante en réagissant au fur et à mesure. Les organisations jouant sur cet aspect collaboratif n’ont pas toujours une vision précise de là où elles se dirigent ou doivent se diriger. Mais c’est bien en évitant toute planification et en acceptant de se perdre, qu’elles vont se confronter à d’autres problèmes. Ce qui constitue en soit une démarche d’innovation.
Une méthodologie intuitive maîtrisée par chacun
La nature itérative de la méthodologie du design ne tient donc pas à un quelconque défaut d’organisation ou à un manque de discipline, mais représente bien un choix réfléchi. Elle s’explique par le fait que le design est fondamentalement un processus exploratoire qui débouche invariablement sur des découvertes inattendues, dignes d’être approfondies. Il arrive qu’un résultat incite l’équipe projet à revisiter certains postulats de départ. Dans la mesure où il est non directif et ouvert sur l’extérieur, le processus collaboratif peut sembler chaotique, il n’en reste pas moins très structuré. On pourrait rétorquer que cette approche engendre un allongement des délais, mais cela reste une vision à court terme. Il est fondamental de comprendre que « vite échouer » permet également de réussir plus rapidement. La planification, dans son excès, est un des grands freins à l’innovation dans un environnement qui n’est définitivement plus stable et qui exige partage, ouverture, diversité, décision, gouvernance et transparence.

Les grandes étapes pourraient être synthétisées ainsi :
* 1 / Recherche d’input / tendances/signaux faibles
* 2 / Observations / travail de terrain / interviews
* 3 / Proposition d’hypothèses
* 4 / Prototypage et tests
* 5 / Nouvelles observations, pistes de progrès … et ainsi de suite …
Ainsi, les idées-fortes devant structurer le processus sont : le travail en groupes pluridisciplinaires, l’itération, la remise en question continue et la démonstration par la preuve (prototypage et visualisation). Les problématiques étant de plus en plus complexes, il faut explorer de nombreuses pistes, accepter de ne pas trouver tout de suite la bonne voie, de se tromper, d’apprendre et de rebondir rapidement. Les nouvelles réponses/solutions ne se trouvent pas forcément du premier coup et en partant d’anciennes réponses.
Il faut pouvoir accepter de se tromper ou de se perdre souvent mais rapidement et le plus tôt possible dans le process, car échouer rapidement c’est également réussir plus vite. Les nouvelles réponses ne se trouvent pas en les affrontant de face, en une seule vague et dans une seule direction.
Conclusion
Parce qu’en bientôt 20 ans, nous avons eu l’opportunité de traiter d’innombrables projets et expérimenté une multitude de stratégies d’entreprises, nous avons empiriquement compris que l’engagement des différentes parties :
Nous avons développé un programme d’accompagnement et d’animation destiné aux entreprises, s‘initiant au démarrage du projet afin de challenger l’ensemble des acteurs, mais également à différentes étapes clés, afin d’être en mesure de co-construire une solution optimale, et en lien avec les attentes des usagers.
Alors, tous co-designers ???
Partager l’article
